Comment réussir ses études en apprenant correctement ?

Source : MOOC Apprendre et enseigner avec les sciences cognitives. Plate-forme FUN 2017-2018.

La mémorisation est un acte essentiel, fondateur de l’apprentissage. Sans nul doute un aspect essentiel de l'enseignement et pourtant si peu abordé sous cet angle dans la formation des futurs enseignants: comment apprendre à apprendre aux élèves/étudiants?

I. La mémorisation: constats expérimental et personnel

A. Constat expérimental

C’est Hermann Ebbinghaus, philosophe allemand de la fin du 19ème siècle, fondateur de la psychologie expérimentale et de l'apprentissage, qui démontre que sans répétition la probabilité de se rappeler une information diminue très vite. Pour en savoir plus: http://sciences-cognitives.fr/consolidation-mnesique-apprendre-reussir-a-long-terme/

La courbe rouge a été établie par H. Ebbinghaus. Source: http://cube-pédagogique.fr

B. Constat personnel

Comme je l'ai indiqué dans un précédent billet [http://prepa-agreg-svstu-bordeaux.over-blog.com/2018/01/le-mooc-apprendre-et-enseigner-avec-les-sciences-cognitives-inscription-avant-le-31-janvier-2018.html], j'observe depuis de longues années de nombreux étudiants, visiblement de bonne foi et désireux de réussir, qui me disent travailler beaucoup mais qui ne parviennent pas à réussir leurs études (je ne parle évidemment pas des étudiants touristes). En outre, force est de constater que nombre d'étudiants inscrits dans un cursus menant aux concours de l'enseignement, CAPES et agrégation, semblent oublier de mois en mois, d'année en année les notions enseignées précédemment. Cela leur confère des connaissances parcellaires des S.V.T. et un retard substantiel.

J'ai suivi le MOOC Apprendre et enseigner avec les sciences cognitives dont je vous livre ci-dessous quelques éléments de réflexion, sous la forme d'une fiche synthétique:

II. Typologie synthétique des mémoires

Pour bien comprendre la mémoire de travail, je vous propose deux exercices:

Exercice 1: fermez les yeux puis on vous demande de calculer 3 x 6. Résultat: vous vous répétez l'opération "3 fois 6"; de même, vous visualisez les nombres.

Exercice 2: fermez les yeux puis essayez de retenir un nombre d'opérations mathématiques (4 FOIS 11, 7 FOIS 5, 6 FOIS 18, 5 FOIS 7, 7 FOIS 13). Résultat: vous vous apercevez que vous ne pouvez pas vous rappeler longtemps de ces opérations et que la quantité des opérations retenues est limitée (et propre à chacun). C'est bien sûr normal.

Ces deux exercices font appel à la mémoire de travail. La mémoire de travail est une mémoire d'exécution, elle est vide de contenu. Elle possède une fonction auditive et permet de visualiser une image mentale (la mémoire de travail fait appel à la mémoire perceptive). Elle est limitée et est un espace de rétention à court terme. Le caractère éphémère de la mémoire de travail explique pourquoi certains élèves ou étudiants pensent avoir compris et traité, alors même que la rétention à moyen et long terme n'est pas encore réalisée.

Pour retenir, il est donc essentiel de développer et de renforcer d'autres mémoires.

III. Les principales mémoires à développer

Les principales mémoires à développer pour ancrer de nouvelles connaissances et de nouvelles méthodes.

IV. Les étapes de la mémorisation efficace

En pratique : Ancrage, interrogation, réactivation et consolidation

• Jour 1 : Le cours se déroule. Il est demandé à l’élève/étudiant, soit durant une séquence en classe, soit au titre d’exercice à faire à la maison, de créer une carte mentale ou schéma à partir du cours, au plus proche possible du cours. C’est l’étape d’ancrage de la trace mnésique initiale et de synthèse. La carte mentale étant la représentation personnelle de notre compréhension d’un sujet, il est fortement conseillé que la carte mentale soit faite par l’apprenant lui-même.
• Jour 3 : Auto-interrogation. L’élève/étudiant prend une feuille blanche et tente de reconstituer sa carte mentale. Le premier principe d’interrogation relève de la mémorisation active. Il manque des éléments, c’est tout à fait normal. Cet exercice permet de visualiser tout de suite ce que l’apprenant sait, ou plus précisément ce qu’il est en train de graver dans ma mémoire, et bien sûr ce qu’il a déjà oublié. C’est le deuxième principe de la mémorisation efficace : le feedback immédiat.
• Jours ultérieurs : Consolidation des connaissances par réactivation. L’élève se réinterroge en partant d’une feuille blanche, se rend compte que les résultats sont meilleurs que le jour 3, mais que des oublis peuvent apparaître. Le travail de réactivation par l’interrogation favorise la consolidation. Le cours peut être relu.
• Plus tard : Poursuite de la consolidation. C’est le quatrième principe de la mémorisation: il faut reprendre plusieurs fois, en s’autorisant des écarts de temps de plus en plus grands, pour acquérir à terme un ensemble de données.

Le schéma suivant est une proposition que je vous fais pour réaliser votre planning de travail:

Pour mémoriser efficacement les nouveaux savoirs et les nouvelles méthodes qu'on vous enseigne, il est nécessaire de réaliser deux phases: 1) une première phase d'apprentissage intense suivie de 2) plusieurs réactivations à des intervalles de plus en plus espacés. Cette étape de réactivation est essentielle et fait souvent défaut aux étudiants qui choisissent de bachoter pour les examens partiels de l'université.

En outre, il est important de solliciter plusieurs sens lors de l'apprentissage (parler à haute voix, écrire, etc) et de se connaître pour savoir comment on apprend.

A partir de ces éléments de réflexion, il est donc important de se construire un planning sur plusieurs semaines. A bon entendeur !